A l’Etat civil, il est Serigne Mbaye, né un 6 Février 1945 à Dakar au Sénégal. Il est diplômé de l’ancien Institut National des Arts (INA), dans la « Section Recherches en arts plastiques ». En peinture précisément.

Cette structure formait déjà les premiers artistes contemporains avant l’Indépendance du territoire en 1960. D’autres identités remarquables y ont fait leurs humanités, comme Ibou Diouf, Oumar Katta Diallo, Amadou Seck et tant d’autres, qui seront désignés comme la fameuse « École de Dakar ». Avec un rayonnement particulier national, africain, international lors du premier Festival Mondial des Arts nègres de Dakar en 1966.

Un détail d’importance pour ce qui va suivre peut toutefois être signalé à son propos : Enfant et adolescent Khalifa Gueye, après l’école préférait passer à la bijouterie familiale plutôt que de rentrer à la maison ; et l’on peut imaginer qu’il s’est exercé à fabriquer des bijoux rudimentaires avant d’aller à l’ Ecole des Beaux-Arts. Ses personnages dans le registre du figuratif en attestent à suffisance. Côté dates et repères, il a participé en 1973 au premier Salon National des Artistes Sénégalais au musée dynamique de Dakar, ainsi qu’à l’Exposition des Artistes Sénégalais à Liège en Belgique.

En 1989, il a participé à la Grande Fresque à Chaillot en France lors du Bicentenaire de la Révolution Française avec des Artistes de renom dont Ibou Diouf, Babacar Lô dit LO-BA, Ousseynou Sarr, Fodé Camara etc…

Enfin, et c’est très important : il est l’un des Plasticiens sénégalais à avoir fourni le plus de maquettes à tisser par les Manufactures Sénégalaises des Arts Décoratifs de Thiès.

Il est très figuratif ou dans un figuratif légèrement stylisé. Surtout que ses personnages féminins portent généralement des bijoux : bracelets au poignet, chaînette ou colliers au cou, boucles d’oreilles. Toutes choses qui signalent son attachement à son patrimoine culturel ou à son propre vécu.

Depuis de longues années, il vit et travaille à Fass Mbao à Dakar ; mais Khalifa a servi d’exemple à quelques artistes plus jeunes et à assurer la formation de certains dans son Atelier à son domicile comme c’est le cas pour Landing Diémé dit ATOUKA, lequel a grandi à Ziguinchor et à la Médina à Dakar, avant de résider aujourd’hui à Fass Mbao.

Il fait partie de la Jeune Peinture Sénégalaise ayant gardé la touche figurative de son Maître et formateur Khalifa mais pouvant faire des incursions dans le registre de l’abstrait. Comme lui, il a une certaine maîtrise du dessin et de la couleur dans les scènes de vie quotidienne.

En décembre 2022 ATOUKA a exposé à la BICIS Prestige à Dakar. A cette occasion un beau texte avait été écrit sur lui par Oumar Sall / Auteur et Critique avec pour titre : les identités flottantes.

Ce texte se terminait par ces mots assez élogieux : « Quand on a pratiqué de grands maîtres comme Khalifa Gueye pendant plus d’une décennie, l’attention devient la première source de toutes les intentions esthétiques ».

Le concept de cette exposition en duo entre Khalifa et Atouka est « Transmission ». Il y’a donc comme un parallélisme des formes entre ce thème de transmission et le titre de ce présent texte, qui convoque la problématique plus globale de « relève ». Et donc de continuité….

A ce jour, « La Galerie de mon père », dans sa vocation de revivifier et de promouvoir l’Ecole de Dakar a l’heureuse initiative de célébrer et le Maître et l’Etudiant discipliné et assidu.

Alors puisse les prunelles des yeux des visiteurs s’émerveiller pour qui mieux mieux !

Pape Ass Mbengue
Chroniqueur artistique